Initiative Rénovons : en finir avec les millions de passoires énergétiques
Alors que les objectifs de la Loi de Transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) semble stagner bien en dessous de ceux annoncés pour la rénovation des logements, l’initiative « Rénovons » envoie un message d’alerte aux politiques en posant les bases de deux scénarii sur les passoires énergétiques à l’horizon 2025.
Avec seulement 130 000 logements rénovés par an sur les 500 000 visés pour le parc privé (dont 20 000 en situation de précarité énergétique), la France est loin de pouvoir atteindre ses objectifs concernant la LTECV en 2025. C’est sur ce constat que de nombreux acteurs (associations et entreprises) se sont regroupés sous la bannière de l’organisme « Rénovons » afin de supprimer les passoires énergétiques pour en faire une priorité nationale, en proposant l’adoption et la mise en place d’un plan plus ambitieux. C’est dans une étude conduite par SIA Partners qu’est mis en exergue ce dernier face à un scénario tendanciel. L’objectif souhaitable de rénovations serait alors de 980 000 logements par an avec une augmentation des aides à la rénovation pour que les propriétaires occupants et bailleurs (avec une convention) puissent passer d’un logement F ou G et atteindre la classe D. « Il est plus profitable de prioriser les ménages à bas revenus, c’est là que les résultats sont le plus conséquent », indique Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre.
Cette augmentation des aides de l’état se chiffreraient à 36 milliards d’euros sur un coût total de 84 milliards mais se révèlerait bénéfique sur le long terme. « Cette étude plait pour une approche de long-terme. Cette perspective est importante car c’est réfléchir à l’échelle de nos gouvernants. Mais le plus pertinent est de réfléchir à l’échelle d’une génération car personne ne pense à 3 ans lorsqu’il achète un bien immobilier mais à plus long-terme », explique Manuel Domergue. La proposition aborde un bénéfice avec un retour sur investissement en seulement 26 ans au lieu de 34 ans pour l’ensemble des ménages concernés. Sans compter de multiples avantages sociaux et environnementaux d’ici 2025, tels que la création de 126 000 emplois à temps plein, une économie de 758 millions d’euros par an (dont 666 millions pour la sécurité sociale) mais aussi 1,03 milliard d’euros d’économies sur les imports énergétiques de la France et une baisse conséquente de 12% des émissions de GES.
Ce nouveau scénario et sa feuille de route ont été officiellement annoncée le 21 février par l’initiative « Rénovons » lors d’une conférence de Presse au sein de la Fondation Abbé Pierre. « Nous nous réjouissant de la diversité des acteurs mobilisés dans cette initiative » s’exclame Bernard Thibaud, secrétaire général du Secours Catholique et vice-président de Europa Caritas. Mais « le constat est assez simple, les lois s’accumulent malgré un consensus politique et vide avec la présentation des bénéfices ; cette rénovation avance peu ou pas. Ils subsistent des barrières », constate Joël Jormus, directeur adjoint de CLER – réseau pour la transition énergétique. « Il manque une garantie pour les banques afin qu’elles interviennent, ce qui devrait interpeller les politiques sur ce sujet essentiel et prioritaire », alarme Xavier de Lannoy, président de la fédération SOLIHA.
Une campagne est menée avec la présentation de ce scénario auprès des nombreux partis politiques et candidats présidentiels (et ce dès les primaires) par Danyel Dubreuil, coordinateur de l’initiative « Rénovons », afin que ce volet soit bien intégré dans les préoccupations politiques du futur gouvernement. Les efforts semblent poindre avec le terme « passoires énergétiques » de plus en plus présent dans le discours des politiques.
Avec un plan de rénovation ambitieux, de nombreuses variables restent encore à définir pour approfondir et anticiper d’éventuels freins comme la communication auprès des ménages, les habitudes de financements de l’état ou des données suffisantes car hormis quelques enquêtes, l’ensemble des données proviennent d’études et estimations internes du Cabinet SIA Partners.
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